Un crédit d’impôt pour répondre à l’inflation
Jeudi prochain 30 mars seront annoncés les comptes 2022 de l’État de Genève. Ces comptes seront largement excédentaires, pour la troisième année consécutive. Cette année, cela représenterait pas moins de 1,3 milliard pour le canton, selon diverses fuites dans la presse. Cela signifie que les recettes fiscales devraient excéder de quelque 1,7 milliard les revenus anticipés au budget. A l’échelon des communes, on peut également anticiper des revenus supérieurs d’environ 450 millions aux prévisions budgétaires. Soit 2,2 milliards au total qui seraient annoncés à la fin du mois de mars. Ce montant s’ajoute à celui de l’année 2021 (1 milliard pour le canton).
Face à cette situation, les camps politiques traditionnels proposent des approches classiques consistant, dans les grandes lignes, pour la gauche à augmenter les postes à l’État sans qu’on sache si ces postes sont réellement alloués à des besoins de terrain identifiés, et pour la droite en baisses d’impôt ciblées sur certaines catégories de personnes physiques (baisse de l’impôt sur le revenu, création ou augmentation de déductions) ou des personnes.
Plusieurs segments de la population ont ainsi le sentiment d’être oubliés dans la redistribution de richesses générées par une croissante à laquelle ils contribuent pourtant et dont ils subissent aussi les effets parfois mal maîtrisés. Par la constitution d’un nouveau « fonds social », il s’agit de rappeler que la société s’articule sur les notions de contribution fiscale et de redistribution sociale, toutes deux ayant pour corollaire le revenu net disponible – ou pouvoir d’achat réel – des citoyen.ne.s. La commune de Chêne-Bougeries l’a bien compris puisqu’elle vient d’annoncer un mécanisme similaire à hauteur de 600 francs par habitant.e.
Ce crédit social, qui est techniquement un crédit d’impôt, est crédité sur les comptes d’impôt pour l’année en cours lorsque les comptes laissent apparaître des revenus exceptionnels. Pour 2023, sur la base des estimations ci-dessus (2,15 milliards), et représente donc environ CHF 2'000.- par tête, respectivement il est crédité sur les comptes des personnes non imposées, sous déduction d’éventuelles poursuites. Pour une famille de 5 personnes, cela représentera CHF 10'000.-. Une somme substantielle au moment où le pouvoir d’achat s’amenuise inexorablement.
Ce chantier, avec ses déclinaisons dans les domaines du logement, de la santé et du travail, sera celui de la prochaine législature, avec des profonds changements structurels à la clé. Dans l’intervalle, il est important de donner de l’oxygène aux Genevoises et aux Genevois, sur une base égalitaire.
-Pierre Maudet- |